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Elevage – Comment s’adapter face à la sécheresse estivale ?

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Le temps sec et chaud de ces dernières semaines oblige d'ores et déjà de nombreux éleveurs à recourir aux fourrages stockés pour alimenter les animaux afin de compenser l'absence de repousses à pâturer. Compte-tenu des prévisions peu optimistes en matière de précipitations pour les jours à venir, cette situation risque de se prolonger et d'amputer considérablement les stocks de cette année mais aussi ceux qui avait été constitués en 2021. Voici quelques préconisations qui peuvent être mises en place.

Au 3 août 2022

Arrêter le pâturage et affourager

Pour éviter de provoquer l'épuisement de vos prairies par le surpâturage, il est préférable de concentrer vos animaux sur une parcelle dite « parking » et d'affourager. Dans les parcelles en pâturage continu, les animaux pourront être bloqués sur une petite surface avec un fil électrique. Il faudra attendre le retour des pluies puis la reprise en végétation de la prairie (environ 3 semaines) pour seulement envisager un retour des animaux sur ces parcelles. Dès que les prairies auront reverdi, les animaux pourront pâturer à nouveau.
Le redémarrage de la pousse de l'herbe sera plus rapide sur les parcelles non pâturées. La parcelle sacrifiée devra faire l'objet d'un resemis. Exemple de mélange= 5 kg de trèfle blanc+ 20 kg de Ray Gras Anglais
 

Selon les stocks disponibles de l'exploitation et les éventuels reports de stocks de 2021, l'affouragement se fera avec des fourrages adaptés aux besoins des animaux - dans l'ordre croissant de valeur alimentaire : paille, foin, enrubannage.
En système allaitant, il faut complémenter les jeunes veaux pour compenser la baisse de production de lait des mères et sevrer les broutards les plus lourds (>270kg). Pour les vêlages de printemps, il est important de distribuer du fourrage de bonne qualité (enrubannée et/ou foin) pour les mères et leurs veaux. La complémentation des broutards s'envisage également à raison de 1 kg de concentrés pour 100 kg de poids vifs/jours d'un mélange céréales-tourteaux. Les besoins énergétiques d'une vache après sevrage du veau (environ 7,5 UFL/jour) sont inférieurs à ceux d'une vache en fin de lactation (environ 9 UFL/jour). Il faut donc saisir l'opportunité de sevrer les veaux les plus gros (>270kg). A ce poids, en case d'engraissement, les résultats ne seront pas affectés par rapport à un sevrage normal. Les vaches taries peuvent ensuite être nourries avec une ration type paille + mélasse. Cette ration convient également aux génisses de 30 mois gestantes, avec 1 à 2 kg de concentrés selon leur état corporel.

En système laitier, attention au stress thermique

La majeure partie des troupeaux laitiers reçoivent d'ores et déjà la ration hivernale et sont rentrés au bâtiment. Afin d'éviter les chutes de lait liées au stress thermique (à partir de 25°), il est important de s'assurer de l'accessibilité et de la disponibilité d'eau propre et fraîche. La ration sera également distribuée plusieurs fois par jour, en privilégiant la distribution le soir ou le matin très tôt.
Pour compenser le manque de salivation, un apport de bicarbonate à l'auge (max 200 g/VL/jour) peut être une solution pour éviter une potentielle acidose. Les bâtiments doivent être ventilés : aérez la nuit afin de refroidir les charpentes métalliques, et veillez à créer des courants d'air en journée.

Pensez également aux veaux dans les niches extérieures ! Mettez sur la niche une couverture de survie afin de réfléchir le soleil ou un panneau sandwich pour limiter la chaleur. Laissez-leur à disposition des seaux d'eau pour qu'ils se rafraîchissent.

Maïs, suivre l'avancement de leur stade

Les maïs, en sol superficiel, souffrent d'une chaleur importante entrainant une maturité forcée de ce fourrage. Au niveau de la qualité, la fécondation des épis est très hétérogène. Aujourd'hui, tant que les feuilles au-dessus de l'épi restent vertes et fonctionnelles, il faut être patient et attendre pour laisser les grains se remplir d'amidon. La météo des prochains jours aura un impact décisif sur la date de récolte possible.

Anticipez le manque de fourrage grâce au bilan fourrager

Parfois considéré comme un outil désuet, le bilan fourrager vous permet d'évaluer vos besoins prévisionnels ainsi que vos stocks de fourrage disponibles et prévisibles, afin d'anticiper la mise en place si nécessaire de mesures d'adaptation.

  • Premièrement, les besoins des animaux sont estimés à partir des références d'ingestion journalière. Les calculs se font à partir du nombre moyen d'animaux par catégorie.
  • Dans un second temps, vous devez évaluer vos disponibles en fonction de vos stocks actuels de maïs, d'ensilage d'herbe, de foin et de regains éventuels. Il faut aussi prendre en compte les stocks prévisibles en 2ème et 3ème coupe et en ensilage de maïs.
  • Ensuite, il vous reste à calculer le solde entre les besoins prévisibles et les stocks disponibles.

La grosse incertitude dans la réalisation de ce bilan dépend de la consommation de fourrage sur l'été/automne et des rendements à venir du maïs ensilage. >> Procéder avec une hypothèse favorable et une hypothèse défavorable peut aider à cerner les marges de manœuvre.

Comment raisonner en cas de déficit fourrager ?

Si un déficit fourrager est pressenti, il convient dès à présent de réfléchir à des solutions pour y faire face. Dans la conjoncture des prix actuels, prendre les mesures les plus justes est important. Les leviers possibles peuvent être :

  • regarder de près le fonctionnement du troupeau et ne pas hésiter à accélérer la sortie des animaux improductifs (vaches de réformes).
  • réserver les bons fourrages pour l'alimentation hivernale des vaches laitières et des jeunes de moins d'1 an et passer à la paille les animaux les moins exigeants peut parfois suffire à rééquilibrer le bilan,
  • acheter des fourrages (maïs sur pieds) ou des coproduits peut parfois s'avérer nécessaire pour vos vaches laitières. Dans ce cas, il faut faire attention au rapport coût/qualité nutritionnelle (apport dans la ration) et adapter son utilisation au système.
  • réfléchir à l'implantation de méteil, cette solution de secours vous permettra de réduire le déficit fourrager par dilution du maïs sur la période d'été 2023 :
    • A moins de 20 % dans la ration => le niveau de production peut être maintenu.
    • A plus de 50 % dans la ration => un impact sur le niveau de productivité est à prévoir.

Le méteil s'implantera à l'automne (courant octobre 2022)

Les conseillers élevage de la Chambre d'agriculture de la Meuse se tiennent à votre disposition pour vous accompagner. vous pouvez les joindre au 03 29 83 30 39.

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